Le dimanche 28 avril s’élancera de Lorient The Transat CIC, l’ex Transat anglaise. De Francis Chichester, le pionnier, au dernier vainqueur, François Gabart, découvrez cinq skippers qui ont marqué cette course.
Il en fallait un. Un qui y croit dur comme fer. Entraîné par son acolyte Blondie Hasler, le Britannique Francis Chichester participe à l’élaboration de cette idée un peu folle de traverser l’Atlantique en solitaire. La première transat en solo naît en 1960 ! C’est au sextant que finalement cinq concurrents vont tenter de relier Plymouth à New York. Il faudra 40 jours 12 heures et 30 secondes à l’aviateur anglais pour franchir la ligne d’arrivée en vainqueur. Pourtant deux ans avant,, on lui avait diagnostiqué un cancer du poumon. En remettant son fameux « Gipsy Moth III » à l’eau quelques semaines avant la course, il réussissait un coup de maître. Quatre ans plus tard, il se contentera de la deuxième place derrière… Eric Tabarly. La course au large en solitaire prend alors une autre dimension… en Angleterre.
C’est sur la deuxième édition qu’Éric Tabarly va se faire un nom et donner aux Français l’envie de course au large. À la barre de son ketch Pen Duick II, le Finistérien chipe la victoire aux Anglais. C’est une surprise totale de voir le « Frenchie » remporter cette transat en solitaire. Il n’a pas utilisé sa radio depuis le départ et personne, même pas lui, ne savait qu’il était en tête. C’est pourtant le début d’une longue liste de vainqueurs tricolores. Après 27 jours 3 heures et 56 minutes, Éric Tabarly est le premier des onze victoires françaises (sur 14 éditions !). Quelque 12 ans plus tard, il remettra ça à bord de Pen Duick VI (avec lequel sa fille Marie et son équipage viennent de remporter l’Ocean Globe Race).
En 1972, Alain Colas entre dans l’histoire de cette Transat anglaise et dans celle de la course au large. À la barre du trimaran Pen Duick IV, il pulvérise le record de la course de plus de six jours, mettant 20 jours et 13 heures entre Plymouth et Newport. C’est la première victoire d’un trimaran ! Quatre ans, plus tard, il est de nouveau au départ mais sur un monocoque qu’il a fait construire pour cette course : le monocoque fait 72 mètres de long, possède quatre mâts. Nombreux observateurs pensent qu’un seul homme ne pourra pas traverser l’Atlantique sur cet engin. Malgré les cinq dépressions que les concurrents doivent enchaîner, le skipper va au bout de son histoire après une escale technique à Terre-Neuve, qui dure 36 heures. Il franchit la ligne d’arrivée en deuxième position, 7 h 28 après Éric Tabarly. Il sera pénalisé de 58 heures car il a été aidé par des équipiers à hisser ses voiles lors de son départ de Terre-Neuve. Il prendra la cinquième place.
1992, 1996 (Orma) et 2008 (Imoca) : Loïck Peyron est le seul triple vainqueur de cette mère des transats. Le Baulois a gagné cette course deux fois en multicoques et une fois en monocoque (en 2008, il n’y avait pas de multicoques au départ). « Je ne m’en vante pas tous les jours mais j’en suis très fier », dit Loïck Peyron, fier d’avoir gagné cette course une fois de plus d’Éric Tabarly et de l’avoir fait sur deux supports différents : « La dernière victoire en monocoque Imoca était belle car je suis arrivé de nuit à Boston avec un passager clandestin, Vincent Riou, que j’avais sauvé car il était en train de couler trois jours plus tôt sous Terre-Neuve ».
Onze victoires de Français avec des grands marins comme Alain Colas, Yvon Fauconnier, Philippe Poupon ou encore Michel Desjoyeaux. Mais le premier skipper à réaliser cette transat sur la route en moins de dix jours se nomme Francis Joyon en 2000 ! Quatre ans après son chavirage, le skipper de « Eure et Loir » prend sa revanche : il ne lui faut que 9 jours 23 heures et 21 minutes pour rallier Plymouth à Newport. À son arrivée, il glisse : « J’ai l’impression d’avoir fait quelque chose de bien avec le bateau, d’avoir été en accord avec l’océan qui m’a amené jusqu’ici. Je pense avoir bien utilisé le vent et les courants, avoir concrétisé tout ce que j’avais appris jusqu’ici ». Celui qui a préparé son bateau tout seul et hypothéqué sa maison pour être au départ signe, à 44 ans, la première de ses grandes victoires.
Les vainqueurs
1960 : Francis Chichester (GBR/Gipsy Moth III) en 40 jours 12 h 30’
1964 : Eric Tabarly (FRA/Pen Duick II) en 27 jours 3 h 56’
1968 : Geoffrey Williams (GBR/Sir Thomas Lipton) en 25 jours 20 h 33’
1972 : Alain Colas (FRA/Pen Duick IV) en 20 jours 13 h 15’
1976 : Eric Tabarly (FRA/Pen Duick VI) en 23 jours 20 h 12’
1980 : Phil Weld (USA/Moxie) en 17 jours 23 h 12’
1984 : Yvon Fauconnier (FRA/Umupro Jardin) en 16 jours 6 h 25’
1988 : Philippe Poupon (FRA/Fleury-Michon IX) en 10 jours 9 h 15’
1992 : Loïck Peyron (FRA/Fujicolor) en 11 jours 1 h 35’
1996 : Loïck Peyron (FRA/Fujicolor) en 10 jours 10 h 5’
2000 : Francis Joyon (FRA/Eure-et-Loir) en 9 jours 23 h 21’
2004 : Michel Desjoyeaux (FRA/Géant) en 8 jours 8 h 29’
2008. Imoca : Loïck Peyron (FRA/Gitana Eighty) en 12 jours 11 h 45’
Class40 : Giovanni Soldini (ITA/Telecom Italia) en 16 jours 22 h 11’27’’
2016. Ultime : François Gabart (FRA/Macif) en 8 jours 8 h 54’39’’
Multi50 : Gilles Lamiré (FRA/La French Tech Rennes Saint-Malo) en 12 jours 7 h 51’17’’
Imoca : Armel Le Cléac‘ h (FRA/Banque populaire VIII) en 12 j 2 h 28’39’’
Class40 : Thibaut Vauchel-Camus (FRA/Solidaires en peloton Arsep) en 17 jours 12 h 42’56’’