The Transat CIC : pourquoi l’appelait-on la Transat anglaise ?

Philippe Eliès

Par Philippe Eliès

Imaginée par deux marins britanniques, la Transat anglaise est née Outre-Manche. Cette première course entre l’Europe du Nord et les États-Unis est la mère des transats. Celle qui a changé la course au large… française.

De 1960 à 2016, chaque départ a été donné devant Plymouth.
De 1960 à 2016, chaque départ a été donné devant Plymouth. (Photo Jonathan Eastland)
The Transat CIC (Lorient - New York), départ le dimanche 28 avril

Messieurs les Anglais, merci d’avoir tiré les premiers ! D’avoir osé ce qui semblait irréalisable, inconcevable, à savoir une course transatlantique entre l’Europe et l’Amérique, en solitaire qui plus est. Car oui, il fallait être sacrément gonflé pour lancer un tel projet.

Dans les années 50, la voile est réservée à une certaine élite, à peine ose-t-on dire que c’est un sport. Aussi, quand deux marins anglais, Francis Chichester et Blondie Hasler, émettent l’idée d’une course, en solitaire, entre un port anglais et une ville américaine, le concept ne séduit pas grand monde.

Plymouth, port de départ

Blondie Hasler se met pourtant en tête de vendre la course, il cherche des sponsors et n’en trouve aucun. Il faudra attendre l’année 1960 pour que le projet prenne forme grâce au soutien d’un journal, The Observer. La première édition est prévue la même année et doit être organisée par le Royal Western Yacht Club of England : elle porte le nom de l’Ostar, comme Observer Single-handed Trans-Atlantic Race.

Reste encore à séduire des marins solitaires. À cette époque, il ne faut pas oublier qu’il n’y a que le compas et le sextant, les moyens de navigation et de communication par satellites n’existent pas. Jamais un tel défi n’a été tenté à la voile, en course, sur une route nord réputée difficile car contre les vents dominants.

Pourtant, plus d’une centaine de concurrents se manifestent, la moitié d’entre-eux remplit un dossier d’inscription. Au final, huit solitaires sont officiellement inscrits mais seul cinq prennent le départ de Plymouth, dont un Français, Jean Lacombe, sur son Cap Horn de 6,50 mètres.

Après 40 jours, 12 heures et 30 minutes de course, Francis Chichester arrive le premier à New York à la barre de son Gypsy Moth III. Et prouve par la même occasion que c’est possible de courir, en solitaire, sur une telle distance.

Les Français ont très souvent brillé sur la Transat anglaise. En 1984, Yvon Fauconnier s’était imposé à la barre de son trimaran Umupro Jardin.
Les Français ont très souvent brillé sur la Transat anglaise. En 1984, Yvon Fauconnier s’était imposé à la barre de son trimaran Umupro Jardin. (Photo DR)

Éric Tabarly embarque les Français

Quatre ans plus tard, le plateau s’est étoffé : cette fois, ils sont 13 au départ dont un Français, un certain Éric Tabarly qui, entre Plymouth et Newport, signe un temps canon de 27 jours, 3 heures et 56 minutes à bord de Pen Duick II.

Il arrive dans la brume, personne ne l’attend. La légende est en marche. Grâce à la victoire de Tabarly, au nez et à la barbe des Anglais, la France découvre la voile et la course au large. Un Français qui bat les Britanniques sur leur propre transat, cela se reproduira plusieurs fois. En effet, si la mère des transats reste longtemps anglaise par son port de départ, Plymouth de 1960 à 2016, elle devient vite le terrain de jeu préféré des marins français qui, contrairement aux Anglo-Saxons, aiment et excellent dans l’exercice du solitaire. En 14 éditions, les Français ont gagné onze fois.

Un journal breton…

En 2020, la Transat anglaise quitte définitivement son port d’attache, traverse la Manche et mouille l’ancre à Brest, avec une arrivée prévue à Charleston. Reportée en raison de la crise sanitaire, la 15e édition, rebaptisée The Transat CIC, débarque finalement à Lorient pour une arrivée jugée à New York. La mère des transats est aujourd’hui organisée par OC Sport - Pen Duick, filiale du Groupe Télégramme. Un quotidien breton. Oui, encore un journal !

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